Originalversjon
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée. 2017, 141, 153-171, DOI: http://dx.doi.org/10.4000/remmm.9900
Sammendrag
Pour contribuer à affiner la compréhension de l’entrée en guerre dans le monde arabo-ottoman, cet article propose une analyse des manières dont celle-ci a été perçue dans la ville d’Alexandrie. Elles sont saisies à travers les sources littéraires arabes alexandrines de l’époque. Une approche par la ville permet de s’émanciper du cadre anachronique de la nation, en redonnant sa place à l’horizon impérial. Cela aide, en même temps, à repenser la chronologie. En effet, l’affaiblissement de l’Empire ottoman est vécu avec angoisse, non pas à partir de 1914, mais après l’invasion italienne de la Tripolitaine de 1911. Cette occupation coloniale d’une province ottomane semble être le véritable tournant. Face à l’inefficacité de faire appel à une solidarité intra-ottomane, dans une province égyptienne qui est elle aussi sous occupation étrangère, la désillusion est brutale. Ce n’est pas seulement l’horizon impérial, mais l’ordre mondial qui perd son sens, en engendrant déjà un sentiment d’entrée en guerre.