Sammendrag
En 2004, la France a voté une loi interdisant le port des signes religieux ostentatoires à l’école publique. D’après la loi, le port du foulard islamique est interdit dans les établissements scolaires publics du primaire et du secondaire.
Dans l’enseignement public, on peut parler d’un avant et d’un après la loi d’interdiction des signes religieux ostentatoires. Avant le vote de la loi, les établissements devaient régler la question du foulard islamique au cas par cas, selon l’avis du Conseil d’État. À priori, interdire le port du voile islamique n’était pas permis. Dans les écoles privées, la situation est cependant différente. Elles ne sont pas soumises à suivre la loi interdisant les signes religieux ostentatoires dans les établissements scolaires, qu’elles soient ou non sous contrat avec l’État.
Environ 10 % des 2 millions d’élèves scolarisés dans l’enseignement catholique sont des jeunes musulmans, estime-t-on dans un article du journal International Herald Tribune du mois de septembre 2008. Et le choix de l’enseignement catholique par des familles musulmanes est un phénomène en hausse, constate l’enseignement catholique en France. Cependant, suite à la décision de prohiber le voile dans les écoles publiques, l’enseignement privé se trouvait face à un dilemme : quelle politique adopter vis-à-vis des jeunes musulmanes voulant porter le voile à l’école ?
Ce mémoire se base sur une étude de terrain effectuée dans l’Académie de Bordeaux, plus précisément dans la Communauté Urbaine de Bordeaux (la CUB). Comme j’ai pu le constater lors de l’enquête menée directement dans des établissements scolaires de l’agglomération bordelaise, les raisons pour lesquelles un jeune est scolarisé dans l’enseignement catholique sont nombreuses. Cependant, au moment où la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école publique fut votée, il était à craindre que l’école privée, n’étant pas soumise à appliquer la loi, pouvait servir de refuge pour des jeunes musulmanes voulant porter le foulard à l’école.
Grace à cette étude de terrain, j’ai pu vérifier qu’aucun contournement de la loi dans les établissements qui font parti de ce travail de recherche ne s’est produit. Les entretiens avec la direction diocésaine ont confirmé ce que j’ai pu mettre en évidence, à savoir l’absence de migration vers les établissements catholiques des familles musulmanes en raison du foulard, et, ce dans l’ensemble de l’académie de Bordeaux. De façon générale, il n’y a eu que très peu de cas problématiques, et le port du foulard à l’école n’est pas un phénomène qui augmente dans le département de la Gironde depuis l’entrée en vigueur de la loi. Le foulard ne représente pas non plus une source de conflit entre le personnel de la direction et le corps enseignants dans les établissements étudiés. D’ailleurs, le port du foulard ne fit à aucun moment l’actualité dans les établissements de la CUB.