Abstract
Le 5 juillet 1962, Oran, « la radieuse », ville longtemps épargnée par la guerre d’Algérie (1954-1962), va être le théâtre d’une tragédie longtemps dissimulée. Deux jours après l’indépendance de l’Algérie, une vague de violence explose à Oran entraînant une chasse aux Européens par les soldats algériens et certains civils armés. Un grand nombre d’Européens sont enlevés et exécutés, ainsi que des musulmans qui ont aidé les Européens. « Qui est responsable de ce qu’il s'est passé le 5 juillet à Oran, et pour quelles raisons l’armée française n’est-elle pas intervenue afin de faire cesser le massacre ? ». Pour répondre à cette question, nous présenterons une brève histoire des relations entre la France et l’Algérie. Ensuite, nous regarderons les sources disponibles, les Bulletins hebdomadaires de l’armée, ainsi que plusieurs auteurs comme Guy Pervillé, Benjamin Stora, Guillaume Zeller, Jean Monneret, Jean François Paya, Claude Martin et Geneviève de Ternant qui ont traité ce sujet. Les questions centrales concernent le fait que l’armée française, pourtant sur place, ne soit pas venue à l’aide à temps, et si le gouvernement était au courant, a-t-il délibérément laissé dégénérer une situation dont le règlement revenait à l’Algérie indépendante ? Nous nous pencherons aussi brièvement sur le nombre de personnes enlevées, la violence, et la question de qui est responsable de ce qu’il s’est passé. Était-ce un massacre organisé ? S’agissait-il d’un mouvement de foule spontanée, après la guerre entre le FLN et l’OAS dans Oran ? Ou était-ce un règlement de compte entre les diverses tendances du nationalisme algérien ? Les protagonistes à Oran avant et pendant l’événement sont le Front de Libération Nationale (FLN) et l’Armée de Libération Nationale (ALN), l’armée française dirigée par le Général Katz, l’Organisation Armée Secrète (OAS) et le peuple oranais, dont un grand nombre d’Européens. Pourquoi ce « massacre » est- il survenu à ce moment-là ? Plusieurs éléments peuvent l’expliquer : le transfert des pouvoirs n’avait pas vraiment été fait si peu de temps après l’indépendance, l’armée française ne voulait pas intervenir, mais en fin de compte, elle a été obligée d’agir. L’OAS et le FLN se menaient la guerre à Oran, et le FLN faisait face à une division interne et à une lutte pour le pouvoir en Algérie entre Boumédienne et Ben Bella. Ce 5 juillet 1962, le massacre fit beaucoup de morts chez les Européens car Oran était la ville d’Algérie avec le plus d’habitants européens par rapport aux algériens.