Abstract
L’étalage des corps saute immédiatement aux yeux à la lecture de "Tombeau pour cinq cent mille soldats". Il s’agit dès lors dans ce travail d’étudier ses différentes manifestations et de proposer une interprétation de leur valeur signifiante. L’examen de la question du corps se décompose en deux branches, la première interrogeant le rapport entre le corps de l’écrivain et sa production littéraire, Pierre Guyotat ayant développé une approche de l’acte d’écriture fondée sur la prise en compte des phénomènes somatiques. La seconde porte sur le corps des personnages dans "Tombeau pour cinq cent mille soldats". Certains aspects de la corporéité y sont plus particulièrement analysés comme la sexualité ou encore l’idée du corps en tant que surface sur laquelle viennent s’imprimer les marques de la violence politique. Cette dernière est enracinée dans les concepts guyotatiens d’esclavage et de prostitution, qui possèdent, au sein de son œuvre, une signification autonome. Ceux-ci, s’ils reposent indubitablement sur un fondement physique et corporel, conduisent aussi, dans l’univers de Guyotat, à une réflexion d’ordre philosophique et métaphysique. L’enjeu de ce mémoire consiste par ailleurs à articuler l’étude thématique du corps à celle de la notion de sacré en essayant de montrer comment ces deux concepts se soutiennent l’un l’autre, et permettent, dans leur coalescence, de dépasser une lecture simplement spectaculaire.