Abstract
De nombreuses recherches sont actuellement menées par différentes équipes sous le nom générique « d’ethnomusicologie computationnelle ». Sous cette dénomination popularisée notamment par Tzanetakis (Tzanetakis et al. 2007, Tzanetakis 2014) sont regroupées des approches et des démarches très variées. Leur point commun : aborder les musiques dites « traditionnelles » avec l’aide d’un ordinateur.
Catégorie a priori « fourre-tout », donc, dans laquelle on retrouve pêle-mêle des approches expérimentales assistées par ordinateur, des instruments augmentés, des bases de données (parfois intelligentes), des logiciels d’extraction automatisée d’informations musicales, etc. Souvent menées par des équipes relevant de départements de mathématiques ou de sciences de l’information, ces recherches font appel à des paradigmes et à des méthodes très éloignées de celles établies par l’ethnomusicologie « traditionnelle ». Elles utilisent des modèles mathématiques, statistiques ou acoustiques complexes, qui nécessitent une expertise technique (programmation, manipulation de logiciels spécialisés). Par conséquent, les réseaux de présentation des résultats (conférences et publications) diffèrent également.
Se dirige-t-on vers un fossé irréconciliable entre l’ethnomusicologie « classique » héritière de la musicologie et de l’anthropologie, condamnée à rester « molle », et l’ethnomusicologie computationnelle, menée par et pour des scientifiques « durs », qui traiteraient la musique comme n’importe quelle autre source d’information ? La réalité est évidemment bien plus nuancée.