Abstract
Le sujet de mon mémoire qui se fonde sur une approche qu’on peut qualifier « d’anthropologie historique » prend la notion d’identité culturelle collective et la question des minorités dans une société musulmane multiethnique et multiconfessionnelle telle que celle du Maroc du XIXe siècle comme sujet principale de recherche.
Les questions sur lesquelles repose mon sujet se manifesteront à travers l’analyse de trois objets d’études essentiels : L’application de la dhimma et du patronage dans une société plurielle puis la question des pèlerinages judéo-musulmans collectifs et la vénération des saints, un champ de rapprochement identitaire commun, et finalement l’imbrication culturelle et « syncrétisme » religieux au travers des textes religieux populaires
L’esprit de tolérance qui est à l’origine de la doctrine de la dhimma dépendait au Maroc de la conjoncture économique, climatique et politique du pays. Par ailleurs, les relations judéo-musulmanes dans le contexte marocain ne sont pas gérées exclusivement par la doctrine de la dhimma, mais également par un autre mécanisme d’ordre socio-anthropologique comme le patronage. Ainsi, dire que les communautés juives marocaines ont vécu leur histoire sur un même modèle juridique et social est erroné.
Compte tenu des liens de parenté entre le judaïsme et l’islam, la question de la proximité spirituelle et du rapprochement intellectuel demeure persistante. Chez les juifs comme chez les musulmans au Maroc, l’accès à la sainteté emprunte souvent les mêmes itinéraires. Il s’agit d’abord d’une quête de piété, de dévotion et de charité mais aussi du rôle social qui occupe le saint dans sa propre communauté et au-delà de ses frontières.
Le domaine de la littérature sacrée d’expression dialectale constitue un lieu privilégié d’un symbolisme culturel et d’un syncrétisme religieux qui se traduit souvent, comme c’est le cas dans les deux poèmes, à travers les mêmes mythes, la même vision du monde mais aussi à travers les mêmes formules incantatoires, les mêmes invocations, les mêmes appels aux saints et aux santons locaux.
En définitive, l’analyse de l’identité culturelle collective des communautés Marocaines au XIXe siècle, m’a permis d’étudier ces trois objets anthropologiques à travers desquels j’ai pu démontrer la pertinence du dialogue interculturel constant et l’enracinement identitaire collectif au-delà des frontières ethniques et confessionnelles.